10 novembre 2023

Les leçons cachées du ‘Millennium Challenge 2002

Comme il est bien connu, en 2002, les États-Unis ont mis en place l’exercice militaire appelé “Millennium Challenge 2002” (MC02), la plus grande simulation de guerre de l’histoire, conduite par le United States Joint Forces Command. Avec un budget de 250 millions de dollars et la participation de 13 500 personnes, la simulation avait pour objectif de valider les nouvelles théories de la “transformation militaire”. La simulation a impliqué des forces virtuelles et réelles dans neuf lieux et dix-sept environnements simulés, avec un pays moyen-oriental imaginaire comme adversaire (probablement l’Iran ou l’Irak). Le lieutenant général des Marines Paul K. Van Riper a endossé le rôle de commandant des forces ennemies. Van Riper a exprimé une profonde insatisfaction à l’égard des résultats de l’exercice, affirmant que l’issue avait été manipulée pour garantir la victoire américaine. Il a décrit ces actions dans un courriel de protestation envoyé avant la fin de la simulation, remettant en question l’honnêteté du processus et les implications négatives d’une application pratique de théories non vérifiées. Au cours de la simulation, Van Riper a fait preuve d’ingéniosité en utilisant des méthodes non conventionnelles telles que des motocyclistes pour envoyer des messages, des lumières et des drapeaux pour la communication, et des informations trompeuses pour confondre l’équipe bleue (les forces américaines). Après avoir été isolé technologiquement, il a lancé une attaque massive avec des moyens aériens et navals légers, coulant seize navires ennemis et tuant théoriquement plus de 20 000 ennemis. Cette action a bouleversé les bleus et a démontré la vulnérabilité de leurs forces face à des tactiques asymétriques. En réponse, les organisateurs de l’exercice ont “réinitialisé” le scénario, limitant les options de Van Riper et assurant le succès des bleus. Cela a conduit Van Riper à se retirer de la simulation, et le résultat final a vu une victoire incontestée des bleus. Le rapport de Van Riper post-exercice a été une critique impitoyable de la simulation, exprimant comment la guerre réelle est intrinsèquement imprévisible et chaotique. Le “Millennium Challenge 2002” devient ainsi un avertissement sur le danger de la surinformation et sur l’importance de rester ouvert à des stratégies non conventionnelles et à l’écoute d’opinions différentes. Un excès d’informations, comme démontré, peut paralyser le processus décisionnel et instiller un faux sentiment de sécurité, transformant un avantage apparent en une vulnérabilité critique. De plus : Van Riper, avec son expérience au Vietnam et son adhésion aux principes de Clausewitz, a souligné que la supériorité technologique n’assure pas le succès. Malgré les leçons offertes par l’exercice, les autorités militaires américaines - comme aujourd’hui celles israéliennes - semblent ne pas en tenir compte, continuant à répéter les mêmes erreurs, avec une confiance excessive dans la technologie et un manque d’attention aux critiques et aux stratégies alternatives.

 
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